C’est Noël en Mars!! (une analyse imparfaite du budget provincial 2019)

Nous vivons une grosse semaine politico-financière avec deux budgets gouvernementaux, l’un déposé par un gouvernement qui veut se faire réélire et l’autre par celui qui vient de l’être. Celui d’aujourd’hui faisait l’objet de grandes attentes par l’ensemble de la population. C’est sûr que lorsqu’un gouvernement dispose d’un des plus importants surplus financiers de l’histoire du Québec, il est normal que chacun s’attende à avoir son assiette pleine. C’est sans compter sur la prudence des deux comptables à la tête du gouvernement… Le premier ministre Legault est CA et MBA et le ministre des Finances a presque le même profil que son prédécesseur libéral puisqu’il est économiste et était, avant de gérer les finances de l’état, premier vice-président et trésorier d’une grande banque canadienne.

La traditionnelle cérémonie des chaussures neuves s’est tenue hier alors que le ministre chaussait des chaussures de course, pour rattraper le retard que nous avons dans plusieurs domaines. L’augmentation des dépenses est deux fois plus importante que l’inflation, un véritable rattrapage.

Un tout premier budget du gouvernement caquiste sous le signe de la distribution de la richesse accumulée dans une marge de manoeuvre que peu de gouvernements peuvent se vanter de bénéficier. Le surplus est cependant le résultat des actions des gouvernements passés, qu’on soit d’accord ou non avec les choix sociétaux qui l’ont généré, conjugué à une économie plus forte que prévu. Le ministre Girard, fait rarissime, a reconnu la bonne qualité des finances actuelles et le travail de son prédécesseur qui rend son travail plus facile. Les critiques viendront en partie des attentes élevées, mais les deux gestionnaires en postes ont décidé, à juste titre, de présenter un budget excédentaire de 5.6 milliards dont 50 % sont versés au Fonds des générations, qui vise à abaisser la dette gouvernementale actuellement à un peu plus de 200 milliards.

Nous sommes donc évidemment loin d’un budget d’austérité où il fallait couper dans le gras, mais qui selon plusieurs a coupé dans l’os. C’est le gouvernement précédent qui doit trouver la situation injuste, car la plante qu’il a fait croître a fleuri dans la cour caquiste.

D’entrée de jeu, il n’y a pas de baisse d’impôts, si on oublie la baisse de la taxe scolaire et la diminution de la contribution parentale pour les garderies. Il y a également la bonification de l’exemption des pensions alimentaires pour les enfants à charge, de l’aide financière pour les enfants de moins de 17 ans et un crédit d’impôt pour inciter les travailleurs d’expérience (les 60 ans et plus) à demeurer au travail. Cela vise également à soulager la pression générée par le manque de main-d’oeuvre, car il permet par exemple à une personne âgée de 65 ans de gagner un revenu de travail de 28 226 $ avant de payer de l’impôt provincial. Un crédit qui diminue toutefois graduellement jusqu’à ce que le revenu d’emploi atteigne 64 610 $. Les baisses d’impôts traditionnelles seront pour plus tard, mon petit doigt me parle du budget préélectoral de 2022-23. Les fiscalistes auront peut-être moins de choses à se mettre sous la dent puisqu’il s’agit plus d’un budget de dépenses que de réduction fiscale.

Ce sont les aînés qui semblent avoir reçu la plus grande part du gâteau, car une panoplie d’annonces budgétaires totalisant 2.5 milliards de dollars sur cinq ans ont mis un grand sourire dans le visage de Marguerite Blais ainsi que dans celui de représentants du pouvoir gris. On notera l’annonce de plus de ressources pour les soins à domicile, plus de lits en CHSLD et plus de personnel soignant.

Une surprise toutefois qui ne fera pas l’affaire de la mairesse de Montréal: le budget prévoit le prolongement de la ligne jaune sur la rive sud de Montréal et ce qui ressemblera probablement à un tramway sur le boulevard Taschereau, pas de projet pour la ligne rose. Les plus politisés diront probablement que c’est parce qu’il n’y a sur l’île, que 2 circonscriptions sur 27 qui ont porté ce gouvernement au pouvoir.

Parlant d’infrastructures, ce sont 15 milliards sur 10 ans pour réaliser entre autres le troisième lien de Québec, pour construire et rénover des écoles, pour l’étude sur la construction d’un nouvel hôpital en Outaouais, etc.

L’environnement ramasse également 395 millions de dollars ce qui permet entre autres, la prolongation de Roulez-vert (subvention pour voitures électriques) ce qui fait qu’un acheteur d’une voiture électrique de 45 000 $ ou moins, touchera une subvention de 13 000 $ si on combine l’aide fédérale et provinciale. C’est quand même une subvention de près de 30 % du prix du véhicule, ce n’est pas banal!

En terminant, la réserve de stabilisation pour pallier aux imprévus, est renflouée, il y a de l’argent pour la technologie, pour l’intégration des immigrants, pour la maternelle « 4 ans » facultative, bref, de tout pour tous.

C’est donc Noël en mars! On peut le dire sincèrement ou avec cynisme, car les critiques viendront, c’est une certitude. D’une part elles viendront de ceux qui considèrent ne pas en avoir assez si on tient compte du surplus prévu et d’autre part de l’opposition parce que c’est leur travail et les mots seront: « mauvais choix », « pas assez », « trop peu », « poudre aux yeux ».

Le titre du document budgétaire, significativement plus mince que le précédent, propose un titre qui ressemble plus à un slogan « Vos priorités, Votre Budget », votre gouvernement (en filigrane) et est supporté par le message « nous sommes à l’écoute ». La lune de miel se poursuit…

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