Voici un texte très bien fait, tiré intégralement du site de la Bourse de Montréal relatant l’histoire des parquets boursiers. Nous remercions la Bourse de Montréal pour ces précisions historiques.
L’histoire des parquets boursiers
Raconter l’histoire, grande et petite de la bourse, pourrait et devrait faire l’objet de bien des bouquins. Comment Louis VII, roi de France, créa en 1141 le premier marché de valeurs mobilières sur un pont de Paris; comment Guillaume III pratiquait de manière systématique et régulière l’emprunt public dans le but de financer la dette nationale; comment la première grande fièvre spéculative de l’Histoire eut pour objet la tulipe et se termina par un krach retentissant…en 1636. Les exemples foisonnent, les anecdotes aussi.
Nous voulons donc, à défaut d’effectuer un recensement complet de toutes les dates historiques qui ont jalonné l’histoire de l’activité boursière, vous faire effectuer un petit voyage dans le temps et l’espace, pour vous démontrer, en neuf tableaux, à quel point les racines de la Bourse de Montréal, comme celles de toutes les bourses, sont vieilles, très vieilles.
La découverte de la notion d’échange
Proche-Orient, approximativement 8000 ans avant notre ère
L’humain passe du stage de prédateur à celui de producteur, par le recours à l’agriculture et à l’élevage. C’est l’apparition des premiers villages, puis des villes. L’artisanat se raffine (céramique, poterie, pierre polie, outils, débuts de la métallurgie). La notion d’échange (troc), un échange de produits sans intermédiaire monétaire, fait véritablement son apparition comme base d’un système économique rudimentaire.
La notion de crédit et d’options
Grèce, approximativement 800 à 600 ans avant notre ère
Les Grecs inventent la monnaie et, ce faisant, jettent les bases de l’économie marchande moderne. À cette époque, on connaissait déjà la vente à crédit, les sociétés en commandites, les assurances, les prêts et les banques. On commerce aussi à grande échelle le blé, le papyrus, les tissus, le verre, les tapis d’Arabie, le coton des Indes et la soie chinoise. Le mathématicien et philosophe grec Thalès invente vers 600 avant notre ère le premier marché d’options, où on achète le droit de vendre ou d’acquérir des olives à un prix donné et à une date donnée.
L’État a recours à des obligations
Rome, 1er au 5e siècle après Jésus-Christ
Rome exploite un empire de près de 70 millions d’habitants. Pour faire face aux problèmes causés par la superficie de cet empire, la politique économique des empereurs romains évolue du libéralisme « laisser-faire » à l’interventionnisme. On encourage ou on décourage le commerce de certains produits, on stimule l’économie par de grands travaux qui emploient des chômeurs et surtout on établit un programme de financement de ces investissements par la vente d’obligations en mettant en garantie des terres publiques ou encore des adjucations (attribution de charge publique à celui qui offre le meilleur prix) de charges très lucratives comme la perception des impôts, des douanes ou encore la fourniture des armées.
Le papier remplace la monnaie sonnante
Chine, vers l’an 1000, Dynastie des Sung
L’Empire chinois a un problème de taille. Sa monnaie est basée sur des pièces de cuivre. Or, le volume des échanges à l’intérieur de l’Empire est tel, qu’il y a pénurie de minerais. On a donc recours aux instruments de crédit pour compenser. Dépôts à termes, certificats d’échanges encaissables contre de la monnaie sonnante ou d’autres biens (surtout du sel ou du thé, monopole d’état) et surtout des billets au porteur, dont la valeur est garantie par une réserve d’or. C’est l’invention de la monnaie papier. Derrière cet outil d’échange, il y a une volonté claire des grands mandarins de réglementer le flot des liquidités, d’influencer le cours du marché des céréales (la densité démographique est déjà un problème) et de contrôler le commerce extérieur.
Les grandes foires permanentes
Vers 1450, Flandres
À partir du 13e siècle et jusque vers la fin des années 1600, les marchands itinérants se donnent rendez-vous dans de grandes foires en France et en Flandres. Celles-ci, d’abord saisonnières, puis permanentes, permettent non seulement aux marchands des divers pays européens de vendre leurs cargaisons, de fixer les prix pour l’année qui vient et de procéder à des échanges monétaires, mais aussi de spéculer sur le résultat des récoltes et des productions artisanales des années à venir. Vers 1450, de nombreux marchands se réunissaient devant la résidence d’un riche négociant, du nom de Van Den Börse, pour traiter de leurs affaires. Or, les armoiries de sa famille portaient fièrement trois sacs d’argent – trois bourses.
La naissance de la première bourse
1600-1611, Amsterdam, Hollande
À Amsterdam, au début des années 1600, on crée la Compagnie des Indes orientales, la première société à se financer par la vente d’actions au public pour fournir les capitaux nécessaires aux expéditions coloniales. Pour la première fois, des titres font l’objet de transactions importantes. Et en 1611, au coeur de la ville, dans un bâtiment spécialement construit à cet effet, on inaugure la première bourse des valeurs. C’est aussi en Hollande qu’aura lieu le premier krach boursier.
La bataille des chemins de fer
1830-1868, États-Unis
La ruée vers l’Ouest (et la ruée vers l’or), aux États-Unis, et particulièrement l’importance accordée à la construction d’un important réseau de chemins de fer, va donner un vaste essor à la Bourse de New York et probablement lui donner l’élan qui fera d’elle la plus importante du monde. Seule la bourse est capable, en effet, de réunir les gigantesques capitaux requis pour financer les compagnies de chemins de fer qui sont les premières entreprises industrielles de taille à faire appel à l’épargne publique. En août 1830, la première compagnie ferroviaire sera cotée en bourse : il s’agit de la Mohawk and Hudson Railroad.
Les marchés à terme
1874, Chicago, États-Unis
C’est en 1874 qu’ouvrent les portes du Chicago Mercantile Exchange, où se transigent pour débuter le beurre, les oeufs et la volaille. Les marchés à terme de produits agricoles sont issus de la volonté des producteurs et des négociants de ne plus être à la merci des aléas météorologiques. Les producteurs, de peur de voir les prix s’effondrer en cas de surproduction ou de baisse inattendue de la demande au moment de la récolte, vendent leurs produits à l’avance à un prix donné. Les négociants, qui craignent de voir les prix hausser dramatiquement en raison d’une pénurie imprévue ou d’un désastre météorologique, achètent à l’avance à un prix fixé. Et les spéculateurs prennent des risques en pariant sur la hausse ou la baisse des cours du produit. L’idée prendra de l’ampleur et s’appliquera à tous les produits matériels ou financiers qui sont soumis à de fortes fluctuations : dollar, taux d’intérêt, jus d’orange, riz, pétrole, voire même les crevettes et les côtes de porc.
La révolution informatique
1992, New York
Pour la première fois, on utilise à la Bourse de New York des ordinateurs jusque-là réservés aux prévisions météorologiques, un des domaines qui demande le plus de puissance de calcul. Entre 1980 et 1990, la Bourse de New York investira plus de 600 millions de dollars américains dans ses systèmes informatiques. En 1975, 11 millions de transactions suffisaient à engorger le système. Aujourd’hui, il peut en traiter plus de 800 millions.
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