La catastrophe boursière annoncée (ça commence mercredi).

À la veille d’une des courses présidentielles américaines les plus agressives, fertile en rebondissements, marquée par les insultes et la désinformation des deux côtés, où un des candidats a été victime d’un attentat et où il a notamment été question de fascisme, de femmes à chat sans enfant, et de gastronomie féline et canine à Springfiled, nul ne peut prétendre prédire le résultat du scrutin. Vous avez une chance sur deux.

Plusieurs investisseurs éprouvent actuellement une certaine angoisse face à la réaction des marchés au lendemain du retour de Trump à la Maison-Blanche. Aux abris, tout le monde, ça va chuter!!!! Ceux qui me connaissent depuis longtemps ont perçu mon ironie dans ce commentaire parce que s’il y a une chose qu’on peut prédire avec le marché, c’est qu’on ne peut pas le prédire, jamais.

Lorsque je me suis couché dans la nuit du 8 au 9 novembre 2016, vers 1 heure du matin, Hillary Clinton allait être la première femme présidente des États-Unis, conformément à ce que prédisaient les sondages, on vivait des moments historiques. Au petit matin, surprise, Donald Trump est déclaré vainqueur, les contrats à terme sur l’ouverture des marchés annoncent une baisse de l’indice DowJones de plus de 1 200 points, soit deux fois plus qu’au lendemain de l’attentat du 11 septembre, c’est tout dire. Ce matin-là j’avais une journée avec les gestionnaires d’une grande maison de fonds, cinq gestionnaires fébriles qui parlent à deux cents conseillers tout aussi fébriles. Les gros yeux de l’un à l’autre étaient manifestes, car après une chute importante à l’ouverture, le DowJones clôturait cette journée-là à 257 points à la hausse, soit 1.4 % (pour l’époque) de croissance en une seule journée! On ne peut pas prédire ce que fera le marché, jamais. Je me rappellerai toujours de cette gestionnaire qui, s’excusant de buter sur des mots, l’expliquait par son manque de sommeil : « on a quitté le bureau vers 23h30 après avoir placé nos ordres et nous sommes revenus en courant vers 4 heures du matin pour tout renverser, on a fait de l’argent comme de l’eau! ».

Ce n’est pas la première fois que des élections américaines sont aussi serrées. Je me souviens de l’élection de 2000 tellement serrée entre Bush et Gore qu’un recomptage fut nécessaire dans l’état de la Floride et l’hélicoptère de CNN suivait, comme le Bronco d’O.J. Simpson, le camion blanc transportant les bulletins de vote vers le tribunal. Finalement Bush a gagné la présidence par 537 votes. Comme Hillary Clinton plus tard, Gore avait remporté le vote populaire et la planète se porterait peut-être mieux si nous avions eu le militant écologiste Gore à la tête des É.-U. L’arrivée de Bush, un républicain, devait être un signe de croissance boursière, c’est toujours le cas, et pourtant, les marchés ont fini en baisse de 26 % après ses deux mandats, minés par l’éclatement de la bulle techno, les attentats du 11 septembre et de la grande dépression de 2007-2008. On ne peut pas prédire ce que feront les marchés suite à l’élection des républicains, jamais.

Lorsque Barak Obama a été élu, certains ont prédit son assassinat, comme le charismatique et jeune Kennedy près de cinquante ans auparavant. Surnommé le « président des réseaux sociaux », car il fut le premier a remporter une élection avec une stratégie dynamique sur les réseaux sociaux, le Monde voyait en lui un espoir de renouveau. Il n’a pas pu faire grand-chose avec une minorité au sénat et à la chambre des représentants pendant la majeure partie de son mandat. Lorsque les démocrates sont au pouvoir, étant donné qu’ils ont tendance à hausser les impôts et mettre en place des programmes sociaux, les marchés boursiers voient l’arrivée des démocrates d’un mauvais œil généralement. Sous Obama, les marchés ont connu une hausse significative, principalement due à la relance postdépression de 2008.

Revenons à l’élection de cette année, qui a monopolisé les médias depuis des mois, même ici alors qu’on ne votera pas. Fait intéressant, un sondage de la firme Léger a démontré que s’ils avaient droit de vote, 64 % des Canadiens voteraient pour Kamala Harris alors que 21 % voteraient pour Donald Trump avec 15 % d’indécis (ou qui ne veulent pas dire qu’ils voteraient pour Trump). De façon sommaire, Harris se concentre sur des thèmes comme le changement climatique, les droits civiques et la réforme de la santé, un classique démocrate. De son côté, Trump met l’accent sur la réduction des impôts, le renforcement des frontières et la lutte à la criminalité. Il promet de déréglementer les industries et de renforcer les politiques commerciales protectionnistes, des classiques républicains.

Si Harris gagne ses élections, pour les marchés, ce sera « business as usual », elle continuera les politiques actuelles. Le ralentissement économique actuel caractérisé notamment par une diminution du taux d’inflation, se poursuivra et la relance qu’elle annoncera permettra aux marchés de poursuivre leur ascension. Voilà ma prédiction si elle gagne.

Si Trump gagne ses élections, pour les marchés, ce sera la fête annoncée, car l’impôt des sociétés sera abaissé, il déréglementera à tombeau ouvert, augmentant les profits des entreprises et il baissera les impôts des individus, leur laissant plus d’argent dans les poches à dépenser pour faire croître les profits des entreprises. Les marchés vont monter et c’est ma prédiction si il gagne.

Voyez-vous l’absurdité dans ce qui précède ? Ça monte toujours !? Mais non. Le marché ne monte pas toujours, et ne baisse pas toujours, en fonction de tel ou tel facteur. Le marché est un être autonome qui agit comme il l’entend et bien que des tendances « logiques » peuvent être utilisées pour tenter de prédire où il s’en va, même avec l’arrivée de l’intelligence artificielle actuellement présente dans plusieurs modèles de gestion de portefeuille, on n’y arrive pas, au mieux on limite les risques, on augmente nos chances de succès.

Quoi faire alors ? Rester calme, demeurer hautement diversifié, et conserver la discipline qui a fait notre succès dans le passé.

Il serait surprenant que nous sachions au lendemain de l’élection, qui de Harris ou Trump sera assis sur le trône de fer américain tellement la course est serrée. Rien ne sert de s’énerver, on avait annoncé une hécatombe financière si Trump gagnait les élections de 2016, on annonçait la troisième guerre mondiale avec la Chine, et rien de tout cela ne s’est produit, parce que les plus grandes catastrophes annoncées ne se produisent jamais.

Cette élection a pour le moins été divertissante et la soirée des élections nécessitera pas mal de popcorn, et peut-être aussi après finalement. Je n’ai pas changé ma stratégie d’investissement pour mon portefeuille personnel, je demeure discipliné, diversifié et patient. C’est la recette du succès en investissement, et ça, on peut le prédire!

Bonne soirée électorale!

Eric

4 réflexions au sujet de “La catastrophe boursière annoncée (ça commence mercredi).”

  1. Tout une plume le Monsieur…..OUPS, je crois que tes commentaires sont absolument vrais Soyons optimiste et souhaitons que Harris gagne !!
    Bonne semaine

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  2. Au risque d’être poursuivi en plagiat … Tout une plume le Monsieur!!
    Merci Éric, toujours intéressant de te lire…
    Bonne journée d’élection…

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