Le point sur les fluctuations des marchés

C’est la fin des temps.  C’est ce qu’on a tous un peu (ou beaucoup) pensé en 2008, puis lors de la débâcle boursière de mars 2020 alors que la planète commençait à se battre contre la pandémie de COVID-19, juste avant que les gouvernements n’abandonnent suite à l’arrivée des zombies dans les rues.  Bon. Évidemment ce n’est pas arrivé parce que les pires catastrophes annoncées ne se produisent jamais. Les gouvernements de la planète ont agi pour protéger leur population et leur économie et nous nous en sommes sortis.  Évidemment, la pandémie n’est pas totalement terminée, mais elle n’occupe plus tout l’espace médiatique, puisqu’on a appris à vivre avec le virus, comme on nous l’a recommandé.

Depuis quelques années maintenant, nous vivons des situations hors du commun; la pandémie a été et est encore pour plusieurs, un cauchemar duquel on semble ne jamais pouvoir se réveiller. La Chine et sa politique zéro COVID déclarée par l’OMS la semaine dernière comme étant insoutenable, confine toujours les 25 millions d’habitants de Shanghai, paralyse les ports, ralenti son économie à vitesse grand V. Comme si ce n’était pas assez, le Tsar fou a décidé de faire peur à tout le monde en brandissant la menace nucléaire pour qu’on le laisse massacrer en paix le peuple ukrainien.  Heureusement, il est en train d’échouer dans sa guerre-éclair et ne s’en sortira probablement pas vivant, politiquement du moins. Plusieurs observateurs ont perçu un Poutine affaibli le 9 mai dernier, se présentant avec une petite couverture sur les genoux, boitant en se déplaçant et prononçant un discours décousu et sans vigueur. Est-il malade, a-t-il survécu à un attentat, on ne le saura pas de sitôt. Cela pourrait cependant être une bonne porte de sortie pour justifier un arrêt des hostilités en Ukraine.

On ne le dira pas trop fort, mais le Canada est un pays qui sera un gagnant économique de la guerre qui fait monter le prix des ressources naturelles et du blé, c’est ce que l’on produit comme nation, des prix plus élevés vont être favorables pour notre économie.

Tout ce qui précède a créé un effet de rareté pour plusieurs biens déclenchant une inflation que nous n’avions pas vu depuis plus de trente ans, une autre situation surréelle. Suivez le raisonnement, lorsqu’il y a seize personnes en ligne pour acheter un lave-vaisselle qui se vend 25 % plus cher que l’an dernier, votre capacité de négocier est nulle. Lorsqu’une entreprise est assez confortable pour hausser ses prix sans perdre de ventes, c’est que son carnet de commandes est plein et qu’elle fait des profits. Si les entreprises font des profits, le prix de leur action en bourse ne peut que monter. Pourquoi les marchés boursiers chutent alors ? À cause de la guerre en Ukraine et à cause des investisseurs qui vendent massivement maintenant parce qu’ils craignent que leurs profits baissent dans six mois quand les taux auront vraiment augmenté et que les entreprises verront leurs profits baisser. C’est de l’anticipation qui actuellement s’emballe, alimentée par les vendeurs à découvert, hyperactifs en ce moment.

Nous sommes dans une situation de surchauffe de l’économie et les gouvernements doivent hausser les taux d’intérêt pour ralentir l’activité économique. Si cela coûte plus cher de financer la piscine creusée, on n’en achètera peut-être pas, c’est le but de la hausse des taux. Heureusement, les gouvernements ont de la marge de manœuvre, car le taux de chômage est également à un niveau historique, à ce taux, c’est le plein emploi et ceux qui ne travaillent pas actuellement en Amérique du Nord, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’emploi… Les gouvernements ont donc commencé à agir pour diminuer le taux d’inflation et ça commence à porter fruit puisque l’inflation aux États-Unis, bien qu’encore à 8.3 % sur un an, est en baisse par rapport à mars qui avait affiché 8.5 %.  Nous avons donc possiblement passé le pic inflationniste, mais la partie n’est pas terminée. Pour les gouvernements, hausser les taux et ajuster la politique monétaire pour ralentir l’économie est l’équivalent de conduire sur une route glacée. Lorsque cela nous arrive, on doit lever le pied, ne pas faire de geste brusque et n’appuyer sur les freins que très doucement, sinon on prend le champ! C’est ce qui peut arriver à l’économie si les ajustements gouvernementaux sont trop brusques. Les personnes qui nous gouvernent ont par ailleurs personnellement trop à perdre financièrement pour agir de manière cavalière. Comme ils ne veulent pas que leur fortune personnelle ne s’effondre, ils prennent toutes les décisions nécessaires et cela sera donc bénéfique pour notre portefeuille.  La volonté est donc de viser un atterrissage en douceur de l’économie et éviter de basculer en récession. Les analystes prévoient une récession, mais généralement pas avant dix-huit mois.

Les marchés sont actuellement dans une phase où on a l’impression qu’il n’y a aucune place pour se cacher. Les actions tombent et les obligations, pour la première fois en 27 ans, chutent en même temps. Heureusement qu’il y a cette nouvelle valeur refuge, l’or nouvelle vague, les cryptomonnaies. Ha non, c’est vrai, le Bitcoin est en baisse de près de 55 % depuis novembre, et de nouvelles devises conçues pour être stables (stable coins), ont chuté de plus de 90 % au courant des derniers sept jours. Pas de place pour se cacher.  J’entends certains crier « Cash is KING » (l’argent comptant est roi), c’est vrai à court terme, mais pas à long terme. On ne bâtit pas une retraite avec une position monétaire à long terme.

On fait quoi alors avec le portefeuille ? Rien. C’est le consensus général et c’est la meilleure stratégie à long terme, comme en 1987, comme en 1995, comme en 2001, comme en 2008, comme en 2020, on laisse les gestionnaires faire leur travail et on sort de la crise plus riche que lorsqu’on y est entré. Nous sommes près du phénomène qu’on appelle la « capitulation  de l’investisseur » où ce dernier se décourage et sort du marché. C’est généralement le pire moment.

Ne rien faire et laisser travailler les gestionnaires demeurent la meilleure stratégie à long terme. Ce n’est pas la fin du Monde, nous avons eu trois bonnes années de croissance, la valeur du portefeuille est bien au-delà de ce qu’il était avant l’arrivée de la COVID-19. On garde la tête froide, on regarde en avant.

 

8 réflexions au sujet de “Le point sur les fluctuations des marchés”

  1. Ravi, très bien écrit, facile à comprendre pour quelqu’un comme moi, j’aime bien connaître les interactions avec ce qui ce passe dans le monde et la situation économique actuelle.

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  2. Salut Éric. Comme toujours, très claires et rassurantes les explications justifiant de garder la tête froide et à regarder en avant. Merci pour ces précieux conseils.

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