Brexit – Lendemain de veille.

Quand je me suis endormi jeudi soir, la tendance c’était que la Grande-Bretagne demeurait au sein de l’Union Européenne, le statu quo paralysant l’électeur dans l’isoloir semblait faire son œuvre, comme toujours. Comme des millions de Britanniques, je me suis couché en me disant que c’était décidé et j’imaginais Boris Johnson (le leader du camp pour le Brexit) prononcer le désormais célèbre « si j’ai bien compris, vous êtes en train de me dire : à la prochaine fois! ». Ben non!! Comme des millions de Britanniques et des millions d’observateurs, j’ai failli avoir besoin d’un chiro pour me replacer la mâchoire le matin venu.

Les marchés avaient anticipé le maintien au sein de l’Union européenne en grimpant toute la semaine précédant le vote, les derniers sondages mettaient le maintien en avance et les preneurs de paris en étaient à 4 contre 1 pour le Brexit! Il n’est pas exagéré de dire que l’ensemble des spécialistes politiques, des analystes de marchés et des observateurs en général se sont trompés. Les Britanniques, l’Europe et le Monde sont en état de choc. Le peuple a parlé, se fichant bien des conséquences.

La Grande-Bretagne vit en ce moment une crise politique impressionnante, David Cameron a annoncé sa démission et sera remplacé le 2 septembre prochain, 18 députés de l’opposition ont démissionné ce matin et comme pour un tremblement de terre, il y aura des secousses supplémentaires, tant au niveau politique que financier. Dès la tombé du résultat, de nombreux pays européens se sont dits intéressés à faire la même chose mais les partis prônant la sortie sont tous dans l’opposition dans leur pays respectif, l’effet domino n’est donc pas pour demain. L’Écosse a, au courant de la fin de semaine, rappelé qu’elle a un veto qui peut empêcher la réalisation du Brexit. On verra si c’est un fait ou une interprétation de la législation. En terminant, bien que des milliers de signatures aient été supprimées car illégales, une pétition électronique parlementaire a été signée par plus de 3 millions de personnes pour demander une reprise du référendum. Cette pétition a été déposée, ironiquement par un partisan du Brexit dans les jours précédant le vote, dans l’éventualité où le vote pour ou contre soit inférieur à 60 % avec une participation de moins de 75 %. Le gouvernement britannique n’a pas le choix de considérer une pétition qui recueille plus de 100 000 signataires.

Financièrement, le pays ne pourra pas éviter une récession temporaire, à court terme. Les marchés ont réagi tel que prévu en cas de Brexit, mais pas de façon exagérée. Nous aurions pu assister à une baisse de 15 %, nous en avons eu une de 6, plus 2 ce matin et probablement encore au courant de la semaine. Avant le vote, les grandes banques mondiales ont mis en place des plans de sauvegarde de la Livre et des marchés boursiers. Les échanges avec l’Europe continueront tant que le « divorce » ne sera pas prononcé et il est estimé que la croissance mondiale sera affectée négativement d’environ 0.2 %. Pour le Canada, nous faisons partie du Commonwealth donc nos relations avec la Grande-Bretagne demeureront intactes, quoi qu’il arrive.

Nous savons peu de la façon dont le divorce sera prononcé, si véritable divorce il y a. Il n’y a pas de précédent car c’est le premier membre européen à s’engager dans le processus de séparation. Tout repose sur l’invocation de l’article 50 du traité de Lisbonne qui établit les règles de sortie. Dès que le gouvernement invoque l’article, le processus de deux ans de négociations s’enclenche. Normalement, ce ne serait pas avant septembre prochain que cette situation se présentera car il est plus qu’improbable que Cameron l’invoque puisqu’il est contre le Brexit. Je vous présente ici deux graphiques du processus, préparés par le Crédit Suisse, le premier est théorique alors que le second représente ce qui devrait vraisemblablement se passer. On s’aperçoit aisément que ce n’est pas demain que la sortie s’effectuera.

Que faire maintenant? Rien. Il faut laisser la poussière retomber et laisser les gestionnaires de portefeuille profiter des opportunités créées par cette volatilité. Quoi qu’il arrive, les Britanniques, les Européens et évidemment le reste de la planète, continueront d’acheter du lait, des iPhones, des voitures et des biens divers. La planète continuera de tourner, les entreprises continueront de faire des profits et leur valeur en bourse, remontera.

Ce ne sera pas un été inintéressant. Bien que je prendrai des vacances ici et là durant les prochains mois, je suis la situation de près avec mon équipe.

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