Survol économique

Un tour d’horizon

Dans mon travail, une foule de tâches sont effectuées sans que ma clientèle s’en aperçoive vraiment. Parmi ces tâches, celle de rencontrer les gestionnaires de portefeuille en est une que je privilégie, car cela me permet de rencontrer ceux que nous engageons pour gérer les actifs, anticiper les marchés, étudier les entreprises prometteuses, les régions dans le monde qui connaîtront une croissance intéressante ou qui, à l’inverse, sont à éviter.
Au courant des dernières semaines, ce n’est pas moins d’une trentaine de ces gestionnaires que j’ai rencontré dans des événements privés, généralement loin de mon bureau pour assurer une concentration maximale sur cette activité hautement importante pour nous permettre d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.  Au moment de vous écrire ceci, je suis entre deux avions, j’arrive de Dallas où quatre jours complets ont été consacrés à ces rencontres.  Nous en profitons également pour discuter des techniques de pointe en gestion de patrimoine et en planification financière. Nous échangeons sur les tendances, les nouveautés technologiques qui nous aideront dans notre travail et des changements législatifs entourant notre profession.  Compte tenu de mon implication dans différents comités d’encadrement de la Pratique, c’est sur ce dernier point que j’étais invité pour parler à mes collègues en provenance de partout au Canada, des changements majeurs apportés au sein de mon cabinet pour offrir plus de choix à ma clientèle, nous aurons l’occasion d’en reparler.

J’ai également eu l’extraordinaire opportunité de rencontrer et d’écouter non pas des gestionnaires, mais des acteurs économiques et financiers importants d’un peu partout dans le monde venus nous offrir leurs réflexions sur leur entreprise, l’économie qui l’entoure ou même sur les politiques internationales qui influent sur leur croissance.  Nous avons eu entre autres l’occasion de discuter avec Charles Liu Yang Sheng, un Warren Buffet chinois qui a apporté une vue totalement différente sur la Chine que ce que nous avions eu auparavant. La rencontre avec Zammy Minton Beddoes, rédactrice en chef de la revue The Economist (!) a couvert principalement la situation en Europe alors que les présidents de TransForce, Range Resources et Discover Financial (compagnie qui a inventé la carte de crédit) sont venus évidemment parler de leur entreprise, mais de manière directe, sans la retenue habituelle lors des discours destinés au grand public.

Je vous offre donc ici un résumé de ce que j’ai lu récemment, de ce qui a été discuté à Dallas et lors de mes rencontres précédentes avec des gestionnaires pouvant avoir des vues divergentes des marchés.  C’est le propre des marchés financiers, la pensée unique n’existe pas.

Chine

L’Empire du Milieu a fait vivre de difficiles émotions aux investisseurs de la planète ces derniers mois. Le manque de transparence des entreprises chinoises et du gouvernement ont entre autres déstabilisé les investisseurs internationaux qui ont cru, lors de la chute boursière, que la situation était devenue incontrôlable et que le gouvernement chinois n’arriverait pas à stabiliser la Bourse.  Il faut comprendre que bien que l’Économie et la Bourse soient liées, le facteur humain et les émotions qui l’animent créé des distorsions parfois difficiles à comprendre pour le non-initié.  Que s’est-il passé avec ce parquet boursier?  Cherchant toujours le meilleur rendement, la population chinoise s’est mise à jouer en bourse éperdument (ceux qui me connaissent savent que je n’utilise jamais cette expression normalement, car l’investissement boursier est tout sauf un jeu).  Des stratégies plus que douteuses ont été observées telles que des prêts levier à 12 pour 1!!  Vous investissez 10 000$ et obtenez un prêt pour investissement de 120 000$! Une baisse de 8% vous fait perdre le capital investi et la banque force la vente du reste du portefeuille, accentuant la chute.  Cela me rappelle une citation de Warren Buffet, le gourou financier américain qui un jour a dit: »Contrairement à Dieu, le Marché lui, ne pardonne pas à ceux qui ne savent pas ce qu’ils font! ».  J’ai appris cette semaine que 80% des investisseurs chinois sont des néophytes qui tentent leur chance pour changer leur vie.  En groupe, ils ont donc fait artificiellement grimper la Bourse de 45% en un an alors que l’Économie elle, augmentait de »seulement »7%.

Parlant de cette croissance exceptionnelle pour nous autres pauvres »non chinois »qui connaitront cette année une croissance économique d’environ 3% (pour le reste de la planète), Monsieur Sheng relativise. »Même si elle était véritablement que de 5% si on se fie à différents indicateurs qui pointent plus vers cette valeur que 7%, en dollars absolus, c’est une croissance supérieure à celle expérimentée avec un taux de 15%. » Il ne faut donc pas trop s’en faire avec le pays qui construit actuellement des chemins de fer à haute vitesse pour livrer sa marchandise en Iran, en Thaïlande, en Russie et même en Afghanistan!  Une remarque intéressante nous fut présentée: »les sanctions économiques de l’occident envers le gouvernement russe ont poussé Poutine dans notre cour! Merci! Nous pouvons acheter du pétrole à meilleur prix, car le gouvernement russe ne peut plus le vendre à l’international, et cela a multiplié les échanges commerciaux entre nos deux pays. » Mes collègues et moi n’avions jamais lu ou entendu parler de cette conséquence.

Europe

De son côté, Zanny Minton Beddoes, rédactrice en chef de The Economist, a parlé des problèmes sociaux du vieux continent, ce qui n’est pas nouveau en soi, mais qui devraient donner des rendements plus bas au courant de la prochaine année. On risque d’y voir une période de volatilité, surtout s’il y a contagion chez les autres constructeurs d’automobiles bavaroises suite au scandale de Volkswagen.  Je lisais récemment l’excellent éditorial de René Villemure, Éthicien, intitulé « Das Ethik » qui en résumé, établit que l’éthique n’est plus un luxe, c’est une nécessité.

En fait, selon madame Beddoes, pour l’Europe, tout dépendra de leur manière de gérer la crise des migrants. Fait étonnant: ce n’est pas pour rien que l’Allemagne s’est engagée à accueillir 800 000 migrants (contre 60 000 pour la France par comparaison), elle a un cruel besoin de travailleurs et les nouveaux arrivants ne devraient pas être trop demandant en terme salarial… quand t’as tout perdu, tu prends ce qui passe.  Plus pragmatiquement, l’Allemagne a un problème démographique et en 2060, elle aura plus du tiers de sa population qui sera âgée de plus de 65ans ce qui mettra une forte pression sur les fonds de pension.  Déjà entendu? L’accueil allemand n’est donc pas totalement un acte humanitaire, c’est de la »business »!

États-Unis et Canada

Les demandes à l’assurance emplois aux États-Unis sont au plus bas depuis 42ans. Pas étonnant que nous ayons eu de bons rendements cette année au sud de la frontière et tel que je vous l’écrivais plus tôt cette année, cette croissance raisonnable devrait se prolonger cette année et l’année prochaine étant donné que ce sera une année d’élection présidentielle.  Le gestionnaire Alex Lane de Dynamic (Banque Scotia) nous a déclaré dernièrement que sur les marchés boursiers, les titres axés sur la croissance sont actuellement en pause, l’euphorie serait terminée pour laisser le plancher de danse aux titres de valeur. En français, les entreprises choisies pour leur valeur véritable devraient prendre le relais pour la prochaine croissance des marchés.

Il considère par ailleurs que sur une base technique, le »bas »a été touché la semaine dernière lorsque les petits investisseurs, dans un geste de capitulation suite aux volatilités des derniers mois auraient fini de sortir du marché.  C’est cette absence d’émotivité des gestionnaires de portefeuille qui nous permet de tirer de bons résultats malgré un marché qui est plus bas qu’il y a un an. Comme pour lui donner raison, les marchés ont grimpé de 3 à 4% cette semaine.

De son côté, la Fed a rendu publique cette semaine, la transcription de sa dernière réunion qui démontre que les membres furent unanimes sur leur position de ne pas hausser le taux d’intérêt. L’inflation américaine, tout juste à 2%, est la cible pour poursuivre une croissance responsable de l’Économie. Les taux d’intérêt devraient demeurer bas encore pour un bout en passant.

Ce fut comme vous devez le comprendre maintenant, une grosse semaine.  Le Fonds Monétaire International a révisé sa prévision de performance de l’Économie canadienne à 1% pour l’année, principalement et sans surprises, dû à la faiblesse persistante du prix du pétrole et des investissements dans ce secteur. De son côté, passablement plus optimiste, l’économiste David Madani de Capital Economics a établi qu’à cause des exportations canadiennes, le Canada devrait connaître une croissance économique autour de 2.5%.  On verra.

Quoi qu’il en soit, le consensus voulant que le Canada soit sorti de la récession, la croissance, même anémique, devrait donc être positive pour le troisième trimestre.

Titres à revenus

Si on considère que les taux d’intérêt demeureront faibles, on comprendra que les gestionnaires de portefeuille commencent à avoir de la difficulté à trouver des obligations de qualité, donnant un revenu intéressant.  Notons que dans certaines parties du monde, c’est le cas dans quelques pays européens et au Japon notamment, le taux d’intérêt est négatif. Cela signifie que les investisseurs institutionnels acceptent de payer pour obtenir des obligations gouvernementales.  On place 10 millions et à l’échéance on laisse 100 000$  sur la table… La sécurité a un prix.  C’est excellent pour les gouvernements qui peuvent ainsi refinancer leurs emprunts à coûts moindres (à long terme cependant les taux d’intérêt sont faibles, mais pas négatifs).  Les gestionnaires se tournent donc vers les infrastructures, cette catégorie d’actif qui génère des revenus, beau temps, mauvais temps. On parle ici de distributeurs d’électricité, d’eau, des gestionnaires d’aéroports, de routes, etc.  Elle a d’ailleurs connu l’une des meilleures performances en septembre, comparativement aux autres catégories d’actif.

Conclusion

Je suis très heureux de pouvoir compter sur l’expertise des gestionnaires de portefeuille, car comme vous avez pu le lire, pour ceux qui se sont rendus jusqu’ici, il y a une masse telle d’informations et de données qu’une seule personne ne peut pas tout voir, tout analyser.  Je sais, pour plusieurs d’entre vous, les lectures que je me tape, les gestionnaires pas toujours »boutentrain »que je dois écouter et avec qui je discute, sont des activités rebutantes.  Chacun son truc et je suis un véritable passionné, cela ne peut pas nuire quand on songe aux décisions que nous devons prendre ensemble pour avoir une stratégie financière efficace et cohérente.

Les marchés vont donc continuer à nous offrir des volatilités intéressantes.  Oui, c’est intéressant, car c’est dans les creux que les gestionnaires dénichent les meilleures occasions.  La route est longue pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, ce n’est pas un sprint, il n’y a pas d’urgence nous faisant prendre des risques inutiles, c’est un marathon et ce n’est pas facile à tous les kilomètres, mais la satisfaction est grande à l’arrivée.  Il ne faut pas se laisser distraire par le bruit de fond médiatique et avoir une vision à long terme, ça au moins, ça n’a pas changé.

Avec l’arrivée de l’automne, j’entre dans une phase de rencontres annuelles avec beaucoup de mes clients.  N’hésitez pas à communiquer avec mon bureau pour que nous inscrivions la vôtre à l’agenda.  L’argent est difficile à gagner, faut s’en occuper.

Laisser un commentaire