Les fraudeurs sont hyperactifs!
Nous avons tous à un moment donné de notre vie, été victime d’une fraude. Qu’elle soit mineure comme donner quelques sous pour une bonne oeuvre qui finalement ne recevra jamais notre don ou qu’elle soit plus importante comme celle qui a frappé les victimes de Norbourg, elle fait toujours plus mal à la victime que le simple appauvrissement qu’elle génère. Pour la victime, la fraude s’accompagne généralement de sentiments de honte, d’autodénigrement, de culpabilité, de colère et dans certains cas, de troubles de santé comme le stress et même la dépression. À cela s’ajoute le jugement de l’entourage qui peut, au lieu d’exprimer de l’empathie, considérer la victime comme une personne naïve, qui l’a bien cherché ou même cupide d’avoir cru une offre trop belle pour être vraie. Ce qui précède pourrait expliquer que la plupart des spécialistes établissent que moins de 5% des fraudes seraient déclarées. La Société a tendance à peu considérer les victimes de fraude, car c’est »non violent ». Or selon le Dre Linda Ganzini, professeur en psychiatrie, il y aurait peu de différences entre les victimes de fraude et celles d’actes criminels violents. Il est donc important de supporter nos proches qui sont aux prises avec une fraude et d’être capable de la détecter avant qu’elle ne se matérialise.
Les fraudeurs ne sont que rarement des amateurs. Ce sont de véritables professionnels qui vont utiliser toute sorte de stratagèmes, pour soutirer de leur victime, des sommes pouvant être importantes. Cette semaine, trois médias ont présenté des reportages fort intéressants sur la fraude. Samedi le 26 septembre dernier, La Presse+ nous offrait un reportage sur les « brouteurs » qui, généralement de leur Afrique natale, dans un café internet, exploitent la bonté de gens malheureusement dans une phase difficile de leur vie (voir aussi ce reportage). Plus tard, La Facture présentait un reportage similaire sur la fraude du chiot. Finalement, vendredi, Paul Arcand recevait en entrevue une victime qui a perdu plus de 50 000$ et qui a publié cette semaine un livre sur son histoire.
De mon côté, probablement comme tout le monde, je reçois des courriels m’informant que j’ai gagné un concours auquel je ne me suis pas inscrit et que, pour réclamer mon prix je devrai envoyer de l’argent pour couvrir les « frais administratifs ». D’autres fois, c’est pour une offre »sérieuse »d’affaire qui s’offre à moi pour vider un compte bancaire oublié quelque part en Afrique, quand ce n’est pas la pauvre dame atteinte de cancer, désireuse de me donner ses millions. La semaine dernière, j’ai reçu un courriel d’une véritable beauté désireuse de bâtir une relation sérieuse et durable, m’envoyant sa photo espérant la mienne. Je lui ai acheminé une photo de Brad Pitt en lui écrivant qu’elle est tout aussi réelle que la sienne et que ça adonne bien, je suis riche et donc facile à frauder. Je n’ai pas eu de réponse… Au printemps, alors que je vendais des bidules informatiques sur un site de petites annonces, j’ai reçu une dizaine de demandes par texto qui, après m’avoir demandé s’ils étaient en bon état (comme un vrai acheteur ferait), le fraudeur m’informait qu’il était en voyage aux États-Unis, que c’est un cadeau pour son fils et que si je les acheminais en Afrique de l’Ouest, il me paierait les frais de transport avec une prime intéressante. Ben oui. Au moment d’écrire ces lignes, ma conjointe m’informe que hier, elle a raccroché au nez d’un soi-disant tech de Microsoft qui a appelé pour nous aider à solutionner un problème avec notre ordinateur… un classique qui abouti sur l’arnaque de la rançon pour débloquer votre ordinateur.
Mais ce qui a généré ce courriel, c’est une cliente qui m’a contacté la semaine dernière, car elle avait un fonctionnaire de l’Agence du Revenu du Canada qui l’appelait et qui, de façon très réaliste, l’informait qu’elle avait omis de payer ses impôts de 2012, une somme de 2 487$, avec menaces de saisie sur son salaire, déclaration à son employeur, etc. En fin de compte, il lui demande de se rendre à sa banque la plus près, de retirer ce montant en attendant ses instructions. J’ai désamorcé le tout en lui rappelant que le gouvernement ne demande JAMAIS de paiement comptant. Elle a vérifié à l’ARC et son dossier est en ordre, on l’a informé que c’est une fraude très fréquente en ce moment tout en demandant de la déclarer. Ma cliente n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de »personne vulnérable ». Elle est hautement scolarisée, travaille au sein d’une multinationale, s’exprime en plusieurs langues et en a déjà vu d’autres. Le fraudeur étant tellement convaincant, elle est presque tombée dans le panneau. Selon la GRC, ce sont des professionnels expérimentés, souvent très intelligents, généralement des détenteurs de diplômes universitaires.
Je pourrais ainsi vous dresser un inventaire très long des différentes tentatives de fraudes possibles, ou pour lesquelles j’ai été appelé à intervenir pour protéger un client. Je préfère vous fournir les ressources mises à votre disposition par différents organismes gouvernementaux, mais que, par ignorance ou manque de temps, nous ne consultons pas. Prenez le temps et vous pourrez peut-être éviter à votre mère, votre enfant, un ami, de perdre son argent et son estime personnelle.
De mon côté, j’aimerais vous informer d’une fraude fréquente chez les conseillers financiers. Nous recevons un courriel d’un client en voyage (il l’a inscrit sur sa page Facebook et le fraudeur a réussi à obtenir suffisamment d’informations personnelles pour laisser croire qu’il est la personne qu’on croit) qui nous explique avoir été impliqué dans un accident de la route, qu’il doit assumer soit des frais médicaux ou être libéré de prison si on envoie de l’argent à son avocat… Vous comprenez la suite. Sachez que pour tous mes clients en voyage, je ne fais JAMAIS de retrait ou de transfert si on a pas au préalable convenu d’un code de sécurité structuré de dix chiffres, mais aussi facile à retenir qu’un NIP de 4 chiffres. Lors d’une prochaine rencontre, je pourrai vous aider à mémoriser votre code unique qui utilise 4 chiffres vous concernant.
En terminant, quelques conseils de base (pour ceux qui n’iront pas voir les ressources que je vous présente aujourd’hui):
- N’ouvrez jamais un courriel d’une personne que vous ne connaissez pas ou d’une organisation inconnue.
- N’envoyez jamais d’argent avant d’avoir reçu votre prix ou le service promis.
- Ne divulguez jamais vos renseignements personnels avant de confirmer la légitimité du demandeur. Les Banques ne demandent JAMAIS de confirmer quoi que ce soit par courriel.
- Protégez toujours vos mots de passe et votre NIP, soit votre numéro d’identification personnel, et changez-les fréquemment.
- Quand vous êtes en ligne, prenez des précautions supplémentaires. Assurez-vous que les sites Web que vous utilisez sont sécurisés avant de transmettre des renseignements personnels. L’adresse d’un site sécurisé commence par les lettres »HTTPS »ou affiche un cadenas au début de l’adresse.
- Utilisez un logiciel de cryptage du type « trusteer » conçu par IBM et utilisé par de plus en plus d’institutions bancaires.
- De plus, ne partagez jamais vos informations personnelles quand vous êtes à un ordinateur public ou sur un réseau public, comme dans un café ou à la bibliothèque.
- Et enfin, assurez-vous que vos logiciels de sécurité sont à jour.
Soyez prudents, on a des CELI à remplir…