…en montagnes russes!
Ma mère m’a téléphoné ce matin manifestant son inquiétude pour son garçon parce que Paul Arcand a annoncé un « lundi noir » sur les marchés suite aux problèmes chinois. Bon. La journée est terminée et je suis encore en vie mais est-ce que j’ai détesté cette journée? Pas du tout et voici pourquoi.
Ce fut une journée haute en couleur mais surtout pas juste noir. Rarement a-t-on l’opportunité de vivre une journée aussi mouvementée et palpitante. Il fallait être très loin en vacances ou vraiment loin des nouvelles pour avoir manqué les baisses boursières asiatiques des derniers jours consécutivement à la correction chinoise et il était donc facile hier en se couchant de voir les marchés asiatiques chuter (vers 21h00) et entrevoir une journée boursière difficile. C’est probablement ce qu’a fait un grand nombre d’investisseurs, pris de panique, qui sont entrés tellement d’ordres électroniques de vente que les marchés américains ont ouvert avec des baisses moyennes de 5.88 %. Les mouvements de panique en bourse, sont les meilleures occasions d’affaire. C’est ce que voulait dire le Baron Rothschild lors qu’il a déclaré que « Le meilleur temps pour acheter c’est lorsque le sang coule dans les rues… ». Probablement inspirés par cette maxime, les grands gestionnaires de portefeuilles semblent s’être précipités dès l’ouverture des marchés sur les aubaines générées par la panique nocturne. J’ai eu l’occasion de discuter ce matin avec un membre de l’équipe d’un gestionnaire réputé de Montréal et il me confirmait que l’activité était fébrile, qu’il magasinait comme au lendemain de Noël. « La Bourse Chinoise a grimpé de plus de 150% en un an et alors qu’elle corrige, ce qui est normal, elle entraîne les autres parquets boursiers comme s’ils avaient connu eux aussi une croissance exubérante. Ce n’est pas le cas, les ratios financiers sont pour le marché américain, dans les normes! »
La meilleure façon d’illustrer ce « boxing day boursier » est en observant les graphiques boursiers européens, tous en forte baisse…jusqu’à 9h30 alors que les bourses américaines ouvrent et que les gestionnaires entrent en scène. Cliquer ici pour voir le graphique gracieuseté de Bloomberg. J’ai mesuré l’ampleur des vagues d’aujourd’hui et le creux du jour a été en moyenne de 6.5 % par rapport à la veille et du creux au sommet de la vague, la croissance moyenne est de plus de 4 % (à midi)!! Évidemment, nous terminons quand même en baisse de ce qui permettra aux médias de titrer « Les bourses s’effondrent! » mais pour ceux qui, contrairement à vous, n’auront pas ces explications, penseront que tout le monde a perdu aujourd’hui… non, juste ceux qui ont paniqué ou qui n’ont pas comme vous, leur fortune entre les mains de gestionnaires chevronnés qui font leur travail, comme aujourd’hui.
On fait quoi maintenant? Pour certains de mes clients qui sont arrivés en début d’été avec le produit de la vente de leur immeuble (j’en ai eu beaucoup cette année), leur transfert de pension et autres, nous investissons une seconde tranche qui était encore ce matin en marché monétaire, en attente d’aubaines. Peut-être qu’il y aura d’autres aubaines dans un futur pas très lointain, nous procéderons alors avec une autre tranche d’investissements. Une des meilleures manières de minimiser le risque lorsqu’on entre dans le marché est d’étaler cette entrée sur plusieurs moments. D’ailleurs mes clients qui investissent dans leurs REER mensuellement devraient être contents, c’est vendredi dernier qu’avait lieu le dernier investissement mensuel.
Il faut donc relativiser et se rabattre sur l’Histoire si on veut comprendre ce qui se passe et ce que les autres ont vécu lors d’événements similaires, et la suite. Dans le tableau suivant (cliquer ici), vous pourrez réviser un historique de 28 chutes hebdomadaires de plus de 5 % pour le S&P 500 depuis 1980. Il démontre que dans plus de 71 % des cas, le marché enregistrait des rendements positifs au courant des trois mois suivants. J’attire particulièrement votre attention sur l’événement du 28 août 1998 (presqu’une date anniversaire!) que le marché a baptisé « La crise asiatique », qui a finalement généré plus de 13 % de rendement dans les 90jours suivants.
À la lueur de ces événements, je crois que vous aurez des arguments pour faire comprendre au beau-frère que de vendre aujourd’hui est une bien mauvaise idée.
Nous ne savons pas de quoi sera constituée la situation boursière de demain, celle de la semaine prochaine ou du mois prochain mais ce que nous savons c’est qu’aujourd’hui le marché est plus élevé qu’en 98, qu’après la bulle techno de 2001 que lors de la crise de 2008. Dans quelques mois de maintenant, ce ne sera pas différent. Ne perdons pas d’heure de sommeil, les gestionnaires font leur travail!
